mardi 4 décembre 2012

Suis-je fou de me sentir dépressif ?


« Aujourd’hui, je n’ai plus envie de rien. Je suis fatiguée. » Ou encore « Je ne comprends pas, j’ai tout pour être heureuse et pourtant je ne le suis pas. ». Voilà un discours que l’on a tous plus ou moins déjà entretenu avec notre inconscient. Sommes-nous ainsi tous dépressifs ?

La dépression, selon Bergeret correspondrait à une décompensation d’une structure de personnalité faisant suite à une situation traumatique de perte.

Qu’on le veuille ou non, cette étape de « dépression » fait partie de notre développement normal en tant que personne ayant des désirs. De plus, si on reprend la conception de Bergeret on peut adapter le deuil comme un élément déclencheur d’une dépression. Or, le deuil semble être un processus collectif. En effet, si l’on prend la situation concernant la naissance, tout un chacun nous passons par cette étape de deuil, par la perte d’un objet qui est symbolisée par la castration ombilicale. Cette perte crée alors un désir car, pour qu’il y ait désir, selon Lacan, il faut qu’il y ait perte.

On pourrait ainsi conclure que la dépression semble être une étape par laquelle chaque individu passe tout au long de son développement. Celle-ci va permettre une remise en question de ses désirs. La dépression n’est pas, selon des auteurs tels que Fedida ou encore E. Gut, nécessairement une pathologie dont l’issue serait négative. La dépression aurait une fonction positive, celle de redonner du sens à la vie.

Par ailleurs, une consultation psychanalytique ne doit pas être considérée comme optionnelle. Elle pourra permettre de retrouver à travers le discours de l’analysant, le signifiant source, autrement dit, l’origine de la demande et donc de la souffrance. Survivre à un traumatisme ne veut pas dire l’effacer de sa mémoire mais y faire face et le dépasser. Dans un traitement tel que contre la dépression voilà pourquoi je condamnerais un travail uniquement basé sur les thérapies cognitivo- comportementales qui se réduirait à modifier, par apprentissage, un comportement qui est source de souffrance. 

Sources :
ROBIN, D. (2005). La dépression est la vérité inversée du désir. Cahiers de psychologie clinique. Vol 24 (pp63-82).
DAYAN, J. (2011). Dépressivité et dépression à l'adolescence. Adolescence. Vol 78 (pp737-745).
FEDIDA, P. (2001). Des bienfaits de la dépression : Eloges de la psychotéhrapie. Paris : Dunod
GUT, E. (1989). Dépression productive et improductive : Reussite ou échec d'un processus vital. Paris : Puf

mardi 20 novembre 2012

Naître pour vieillir et renaître par le vieillissement ! Un paradoxe difficilement élaborable.

Photo issue d'une campagne pour Novartis (Entreprise qui fabrique des médicaments destinés à préserver  la santé et le bien être)

Vieillir, voilà un mot dont on se passerai bien. 

Quand bien même nous savons tous ce que veux dire le mot « vieillir », il est difficile de se « sentir vieillir » ainsi que de se "voir vieillir". L’accès à ce vieillissement va se faire par un ensemble de « crises » identitaires et sexuées. La notion de crise pour Schaeffer fait référence à un « débordement du moi », c'est-à-dire, que l’individu ne peut plus contenir l’excitation qui l’envahit. Ses moyens défensifs sont dépassés et le seul moyen de l’emporter sur cette crise est de permettre une réorganisation des ses assises narcissiques, c'est-à-dire de l’investissement que l'on a de nous-même. Passer par cette étape de « crise » apparait pour Schaeffer comme fondamentale. Ainsi, ne vous vous inquiétez pas si vous en rencontrez une. En effet, cette crise serait, selon elle, une « chance » car elle permettrait « une mise à l’épreuve des capacités de séparation et de deuil ». Si vous arrivez à surmonter cette crise, c’est donc que vous possédez un appareil psychique suffisamment flexible pour être capable d’affronter ces épreuves. 

Quand on parle de crise du milieu de vie, on fait référence à des conflits intrapsychiques sur le versant sexuel et mortel. Cette crise va s’exprimer dans le réel par la ménopause chez les femmes. En effet, sous le couvert de celle-ci, il va y avoir un remaniement des questionnements sur la sexualité et le désir de sexualité, mais aussi, une prise de conscience de l’effondrement de la croyance en l’immortalité par « la mort des capacités procréatrices » (Schaeffer). Seulement, comme le souligne Schaeffer, faire le deuil de sa fonction maternelle ne veut pas dire faire le deuil de sa féminité. Bien au contraire, il faut assumer sa nouvelle féminité sans quoi, le risque de dépression n’est jamais loin.

Le départ ou la perte des enfants ou du mari peut devenir, en soi, un facteur prédisposant à cette dépression  « post-ménopausienne ».  On appelle cela le « syndrome du nid vide » à la suite duquel un grand nombre de femmes vont retrouver une vie sexuelle érotique avec un homme d’environ quinze ans leur cadet. On parle alors ici du « complexe de Jocaste » dont la notion a été développée par Marie-Christine Laznik (2003). Pour Jean Bergeret, ce complexe surviendrait comme une deuxième crise de l’adolescence. Ce que recherche la femme, c’est le désir que l’Autre peut lui porter à travers notamment son regard. Le regard pour la femme est synonyme de désir. Je pourrais, pour vous expliquer cela, me référer au stade du miroir de Lacan et de Winnicott mais l’exemple le plus simple qui me vient à l’esprit est celui de « Blanche neige », où la méchante sorcière ne vit qu’à travers l’image que lui renvoie son miroir et qui lui permet de vivre confortablement ses pulsions grâce à des assises narcissiques suffisamment, même abondamment satisfaites. Et ceci, jusqu’au jour où le miroir fait référence à une autre personne qu’elle (Blanche Neige), encore plus belle qu’elle et surtout encore plus jeune qu'elle. A ce moment, son estime d’elle-même s’effondre. Ses pulsions ne sont plus contenues et elle tombe dans une dépression. Le seul moyen pour elle d’y faire face est le passage à l’acte, dont le but est l’anéantissement de cette menace extérieure qui est Blanche Neige. Bien sûr, il ne s’agira pas ici d’  « éliminer » ce qui fait obstacle dans ce remaniement identitaire "post-ménopausien" mais bien réinvestir une position féminine et de se créer une "nouvelle" identité avec l'élaboration de nouveaux projets de vie. 

Par cet article, j’espère vous avoir redonné confiance en vous dans votre  « parcours du vieillissement », qui comme tout stade du développement comporte des hauts et des bas. Des questionnements sexuels et morbides y ont tous leurs intérêts et leurs spécificités. Etant donné que la ménopause fait irruption, sur le plan du réel conscient (puisque inconsciemment ce processus s’établit sur la durée), presque brutalement dans la vie et va opérer un changement physiologique et psychique, il est tout à fait normal de présenter des symptômes comme une « baisse de moral » sans pour autant tomber dans une dépression chronique.

J’ajouterais rapidement l’intérêt du travail d’Anastasia Blanché sur le rapprochement entre le passage à la retraite et les remaniements identitaires qui vont s’effectuer. Car en effet, il est  particulièrement intéressant de voir comment le Moi va faire face à ce narcissisme qui tend à être délabré par la société qui prône une jeunesse et qui dévalorise « les vieux » puisqu’ils  « n’apportent rien à la société et coûtent cher ». Si vous êtes aussi curieux que moi, je vous laisse les références de l’article d’Anastasia Blanché pour comprendre les mécanismes dont vous et moi n’avons pas conscience et qui peuvent ou non « sauver notre peau ».

Sources : 
Blanché, A. (2007). Ruptures-Passages : Approches psychanalytiques du vieillissement. Gérontologie et société. Vol 121. (pp 11 – 30).
Schaeffer, J. (2005). Quel retour d’âge ? Début de la fin ou fin du début ?. Revue française de psychanalyse. Vol 69. (pp 1013 – 1030). 

mardi 30 octobre 2012

La paternité ou parentalité : une montagne russe pour notre psychisme


A l’heure où le débat sur l’adoption par des couples homosexuels fait rage, je pense que c’est le bon moment pour vous présenter en quelques lignes les mécanismes psychiques qui sont à l’œuvre au cours d’une grossesse chez les devenants parents et en particulier chez l’homme.

De nombreuses études tendent à mettre en évidence les différences que l’on peut observer quant aux processus psychiques qui se mettent en place chez le père et chez la mère. Bien que pour l’un comme pour l’autre, souligne Missonier,  « le temps de la grossesse est une phase d’activation, de révision des fantasmes originaires », l’homme mettra davantage de temps par rapport à la femme pour se sentir père. Ce temps de la grossesse est vécu difficilement par le futur père, « Il s’agit d’une période anxiogène et angoissante qui amène de profondes frustrations au devenant père du fait de l’absence de repères sensoriels, de repères intero et proprioperceptifs » (Boulet, 1997).  Souvent rapportent-ils, ils ont « hâte » que l’enfant naisse pour enfin trouver leur place et leur utilité dans cette triade. Durant ce temps de la grossesse, l’homme va accompagner la future mère ce qui va susciter en lui une identification à la fonction maternelle. On peut retrouver chez l’homme des désirs inconscients de grossesse. Selon Bécache, « le désir d’enfanter est un désir primitif ». Boulet relance : « ce désir de maternité s’accompagne souvent d’une féminisation psychique et comportementale du futur père ». Mais attention, il est très important que l’enfant ait face à lui deux figures parentales différentes car il va s’identifier sur les deux pôles.



Devenir parent, c’est aussi passer l’étape de ce que Cramer et Palacio-Espasa nomme le deuil développemental qui désigne deux nécessitées psychiques : Premièrement, renoncer au statut d’enfant et deuxièmement, mobiliser les identifications à ses propres parents. En effet, durant la grossesse, l’homme va vivre un retour psychoaffectif vers le monde de son enfance. De plus, symboliser l’abandon du statut d’enfant nécessite d’occuper une place nouvelle, intermédiaire dans la chaine des générations. La naissance du premier enfant conduit au renoncement du fantasme d’immortalité et à celui de l’éternelle jeunesse. Morin (1998) met en évidence le désir de filiation biologique dans le désir de paternité. Il me semble également important de vous citer les deux mécanismes à l’œuvre dans l’identification à la fonction parentale qu’ont établi Cramer et Palacio-Espasa : 1) le jeune parent s’identifie à l’image des parents dont il se sent aimé. 2) le jeune parent va projeter sur l’enfant la représentation de l’enfant qu’il a eu le sentiment d’être pour ses propres parents.

Devenir père ou devenir parent, voilà un projet qui relève d’un parcours du combattant pour notre psychisme. Mais quand on sait ce qu’il y a à l’arrivée, on ne peut que relever le défi.

Merci à Mlle Dollander, professeur de psychologie à l’université de Lorraine pour son cours sur la construction psychique de la paternité dont je me suis largement inspirée.

Pour aller plus loin à Références bibliographiques :
Boulet, F.-X. (1997). Un père attend un enfant, Spirale, 6 : 87-92.
Missonnier, S. (2008). Dépressivité et dépression paternelle périnatales, Carnet Psy, 129 : 44-49.
Missonier, S. (2009). Devenir parent, naître humain, Paris, P.U.F.
Teboul, R. (1994). Neuf mois pour être père, Paris, Calmann-Lévy.

jeudi 31 mai 2012

En parlant de psychopathie ...

" Il paraît, c'est ce que nous disent les psychologues,que la passion pour le péché, ou ce que le monde appelle péché, peut parfois dominer une nature à tel point que toutes les fibres du corps, toutes les cellules du cerveau semblent n'être rien d'autres qu'un instinct chargé de pulsions terrifiantes. Les hommes et les femmes perdent alors leur libre-arbitre. Ils avancent vers leurs buts horribles à la manière d'un automate. Le choix leur est enlevé et leur conscience s'éteint, ou bien, si elle conserve quelque vie, c'est uniquement pour donner à la révolte sa fascination et à la désobéissance, son charme. Car tout péché, comme les théologiens ne se lassent pas de nous rappeler, est péché de désobéissance. Quand chut des cieux cet esprit supérieur, cette étoile du matin du mal, ce fut en rebelle. Dénué de tout scrupule, concentré sur le mal, les pensées et l'âme assoiffée de révolte, Dorian Gray se mit en marche..."

Oscar WILDE , Le portrait de Dorian Gray

mercredi 23 mai 2012

Rubrique Cimino


Et voilà ma troisième année universitaire est finie. Mais ne vous inquiétez pas, le blog lui continue. Veuillez m’excuser de n’avoir pu actualiser mon blog ces derniers temps. J’ai été un peu prise pas les examens, rendu de dossiers.

Je me suis rendue compte que je n’avais même pas eu le temps de vous raconter un peu la conférence à laquelle je suis allée il y a de cela déjà deux semaines. Il s’agissait de la conférence animée par Stéphane BOURGOIN, criminologue et spécialiste des tueurs en série.

Il faut savoir que Stéphane BOURGOIN ne s’est pas intéressé aux tueurs en série par hasard. A l’époque où il vivait à Los Angeles, sa compagne a malheureusement croisé le chemin de l’un d’eux. Elle fut violée et tuée par un serial killer. Stéphane BOURGOIN cherche alors à les rencontrer pour essayer de comprendre leur fonctionnement et le « pourquoi » de leurs actes.

Stéphane BOURGOIN sillonne le monde entier à la rencontre des tueurs en série.
Au cours de la conférence il nous a diffusé un de ses reportage sur l’interview de Donald HARVEY plus connu sous le nom de « l’infirmier de la mort ». Il se trouve actuellement emprisonné à perpétuité dans la prison de l’Ohio. Il a été condamné pour 35 crimes environ, mais en a avoué depuis près de 87. Il a échappé à la peine de mort, sa seule frayeur. Ce phénomène rend compte d’un égocentrisme puissant, ce qui compte c’est lui.

Je vous cite quelques éléments concernant Donald Harvey :
-          Les victimes sont choisies au hasard (homme ou femme), il tue les patients qu’il avait à sa charge
-          Il commence par des meurtres par étouffement puis par empoisonnement (il utilise de préférence le cyanure car comme il le dit « c’est efficace et rapide »). D. Harvey va même jusqu’à expérimenter des poisons sur lui. Il note leur efficacité dans un carnet.
-          Il est très méticuleux (il note tout), il tient même un carnet où il note le nom de chaque victime = liste macabre.
-          Il aime assister à l’agonie de ses victimes, on parle alors de plénitude du sadisme. Il parle de « montagne russe », à chaque victime ca devenait plus facile.
-          Lors de ses aveux il se souvient exactement de chaque victime, de leur nom, de leur numéro de chambre et de la manière avec laquelle il les a tués.
-          Il pratique l’occultisme. D. Harvey dit avoir un double. Dunkan serait son mythe spirituel.
-          Il a une structure familiale complexe. Il ne s’est jamais remis de la mort de son père et sa mère était trop occupée avec d’autres hommes. D. Harvey était un enfant violé dès l’âge de trois ans par un jeune garçon de 8 ans son ainé, à tel point qu’il éprouvait des sentiments pour son agresseur. Cela a duré 20 ans. D. Harvey est issu d’une famille pauvre avec des antécédents alcooliques. Il choisit le métier d’infirmier car pour lui « c’était la seule partie de ma vie où c’était moi qui avait le contrôle ». Il pouvait contrôler la vie et la mort de ses patients. Il n’était plus en position de victime.

Le visionnage de ce documentaire m’a  donné froid dans le dos. Ce qui m’aura le plus interpellé, c’est le calme et la sérénité avec laquelle Donald Harvey nous parle de ses meurtres. Ce jour là il s’était même rasé, maquillé et sa chemise était repassée. Pour lui, ce jour d’interview était l’occasion de faire à nouveau parler de lui. A chaque rencontre, Il avoue d’autres crimes. Saurons-nous un jour le véritable nombre de victimes qu’il aura fait ?

Stéphane BOURGOIN a rencontré bien d’autres sérials killer. Il a écrit de nombreux ouvrages les concernant. Je suis en train d’en lire un et je vous le recommande fortement. Par contre, âme sensible s’abstenir. Les propos peuvent être assez crus étant donné que chaque meurtre est décrit en détails.
S. Bourgoin. (2004). Le livre noir des sérial killers, (ed) Grasset

Stéphane BOURGOIN tient également un site internet où il partage l’actualité de ces sérials killers :

Dans la tête des tueurs en série


mercredi 28 mars 2012

Syndrome de Capgras

Le syndrome de Capgras appelé encore "délire d'illusion des sosies" correspond à un trouble psychiatrique appartenant au groupe des psychoses chroniques non dissociatives. 

Les personnes atteintes de ce syndrome affirment que les personnes de son entourage proche ont été remplacées par des sosies qui leur ressemble parfaitement, bien qu'elles soient tout à fait capable d'identifier la physionomie des visages. Il n'y a pas de dysfonctionnement visuel. C'est d'ailleurs pour cela que l'on pourra distinguer les personnes atteintes de prosopagnosies (trouble de la reconnaissance des visages) et celles atteintes du syndrome de Capgras. De plus, les prosopagnosiques sont convaincus de leurs déficits, ils les reconnaissent, alors que, les personnes atteintes du syndrome de Capgras refusent d'admettre leur erreur d'identification.

L'objet du délire chez eux sont les proches ; "personnes auxquelles le malade est lié par un sentiment affectif profond" (Capgras). Ces "sosies" sont considérés comme des imposteurs malveillants.

Il ne s'agit pas d'une fausse reconnaissance des visages des proches mais une méconnaissance, une agnosie d'identification qui ne semble pas être le résultat d'une erreur de perception, mais plutôt, la résultante d'une interprétation d'ordre affectif. 

Tout ce qui est de l'ordre de l'affect semble jouer un rôle de premier plan dans l'étiologie de ce syndrome.

Quelques théoriciens tentent de comprendre l'origine de ce syndrome en le rapprochant du complexe d'Oedipe. Affaire à suivre ....

Je vous propose un documentaire sur le sujet ci-dessous :


dimanche 25 mars 2012

Ces nouvelles addictions qui nous font peur !!!

Nous savons tous que l’alcool, le tabac, les opiacés, la cocaïne et toutes les autres substances psychoactives (caféine) peuvent faire l’objet de conduites addictives. Mais au XXIème siècle, de nouvelles addictions émergent, dues notamment à la société de consommation dans laquelle nous baignons aujourd’hui et qui nous pousse dans l’accomplissement de nos désirs. L’objet d’addiction devient l’objet de jouissance recherché.

Quelles sont ces nouvelles addictions ?

Avant de les énumérer, il serait judicieux de vous rappeler ce qu’est une personne « addict » (peu importe l’objet d’addiction)
Une personne dépendante, c’est quelqu’un qui ne peut plus se passer de consommer une substance, sous peine de souffrance physique et psychique. Ces troubles de manque appelés « syndrome de sevrage » peuvent être extrêmement douloureux.

Il existe 4 niveaux de dépendance :
-          Impossibilité de résister au besoin de consommation
-          Anxiété avant la consommation
-          Perte de contrôle de soi pendant la consommation
-          Soulagement ressentit après la consommation

Après avoir défini la dépendance, il est important de bien différencier les différents niveaux d’usages :
-          L’usage simple (il n’est pas dangereux pour la santé de la personne et celle des autres)
-          L’abus
-          L’usage nocif (consommation préjudiciable à la santé de l’usager et de celle des autres)

L’addiction n’est pas seulement due à une substance (bien qu’un phénomène neurobiologique se mette en place – cf : circuit de la récompense + neurotransmetteurs) mais elle est surtout due à l’utilisation que l’on va faire du produit. Le contexte environnemental, social, sentimental et la manière dont la personne va être (psychologiquement) à ce moment là, vont jouer un rôle extrêmement important. Pour Olievenstein, l’addiction « c’est la rencontre d’un produit, d’une personnalité et d’un moment socio-culturel » (modèle Trivarié d’Olievenstein)

Sur ce modèle, on peu très largement étendre le domaine de l’addiction. On y retrouve, internet et la cyberdépendance (jeux vidéo avec l’immersion dans le virtuel, mais aussi les réseaux sociaux et les sites de rencontres), les jeux d’argents, les achats compulsifs, les addictions sexuelles, les « love » addicts, les tatouages…

Les addictions aux jeux d’argent : phénomène de plus en plus répandu. Pourquoi commence-t-on à jouer ? Le jeu tue l’ennui (recherche de sensations, prise de risques).
Mais, ces jeux d’argent provoquent un phénomène d’accoutumance et ce qui était plaisir devient idée fixe, ce qui était divertissement devient obsession et source d’angoisse.

Il existe différents types de joueurs :
-          Le joueur occasionnel ou « social » (pratique récréative, on parle de « joueur du dimanche »)
-          Le joueur pathologique (prise habituelle de risques, intérêt constamment centré sur le jeu, optimisme inentamé par la défaite, tant qu’il gagne le joueur ne peut s’arrêter, augmentation des mises, expérimentation d’une sensation intense au moment du pari)

Evolution en 5 phases : initiation (inscription par curiosité), accoutumance, besoin, souffrance (rien ne compte plus apparts jouer), conséquences (ruine financière, perte sociale, trouble du sommeil et de l’appétit)

On peut retrouver de la comorbidité chez ces joueurs pathologiques : troubles de l’humeur, dépression, personnalités dyssociales, polyconsommation (alcool, drogues), troubles alimentaires (boulimie)
La cyberdépendance : des jeux où l’on s’invente une vie = « lil’life » ou « second life » (simulateur de vie). Ces jeux ont des répercussions énormes sur la vie d’une personne. La vie sociale est altérée, le joueur se renfermant dans ce jeu. Pour illustrer cette partie, je vous propose de vous rediriger vers un film « l’autre monde » réalisé par Gilles Marchand.


L’addiction est un phénomène qui est pluridisciplinaire et qui peut ainsi toucher toutes les populations. Etre dépendant, ce n’est plus seulement être « alcoolique ». On peut être dépendant sans boire d’alcool, puisqu’on a bien vu que la dépendance ne se réduisait pas à la substance « alcool ».

Pour finir, je citerai Thierry Roth (psychologue clinicien, psychanalyste) :

« Dans notre société où l’objet est roi, où le sacrifice et le manque ne sont absolument plus prônés comme nécessaires par le discours social, il apparait que l’addiction est logiquement devenue un problème massif : si les addict véritablement malades ne sont tout de même pas la majorité, ils pourraient bien être le versant pathologique de l’addiction normale commune » 

dimanche 12 février 2012

Soigner la dépression par électrochocs ?

Le retour des électrochocs au XXIème siècle fait l’objet de nombreuses controverses au sein de l’APA (association américaine de psychiatrie) et d’autres praticiens.

L’utilisation d’électrochocs comme moyen thérapeutique semble un peu barbare, c’est pour ça qu’aujourd’hui on préfèrera parler de sismothérapie ou encore d’électroconvulsivothérapie (ECT).

L’électroconvulsivothérapie s’adresse aux patients présentant un épisode dépressif majeur d’intensité sévère (mélancolies graves). Cette pratique est, bien sûr, indolore pour le patient et est pratiquée sous anesthésie générale.

Controverse : Un moyen efficace pour lutter contre la dépression mais un « poison » pour les fonctions cognitives !

En effet, il a été démontré que le courant électrique délivré par l’ECT modifierait la plasticité neuronale favorisant la mise en place de nouvelles connexions. Ainsi, des patients qui ne répondaient pas préalablement aux traitements médicamenteux, y répondent positivement à la suite de l’ECT. Selon une étude de l’APA (1994), 80% des dépressions rebelles à tout traitement cèdent sous l’ECT. (1)

Cependant, bien que l’ECT ait fait ses preuves sur ses capacités à diminuer les états dépressifs majeurs, des effets secondaires ont été rapportés par de nombreux patients. Les traitements par ECT comportent, en effet, des risques non négligeables : troubles de la mémoire, de l’orientation et des fonctions cognitives pouvant perdurer jusqu’à 6 mois après le traitement. (2)

(1)    American Psychiatric Association, la pratique de l’électroconvulsivothérapie. Recommandations pour l’utilisation thérapeutique, Paris, Masson, 1994, traduit par J. Tignol et M. Auriacombe.
(2)    M. Briand. Le retour des électrochocs. Le cercle psy , Juin/Juillet/Aout 2011, p30-33


jeudi 9 février 2012

Une nouvelle pratique thérapeutique : l'équithérapie

L'équithérapie, vous connaissez ? 

Il s'agit d'une pratique thérapeutique médiatisée par le cheval. On parle encore de "médiation par le cheval". 
Le cheval est devenu un allié pour le thérapeute pour soigner les maux de ses patients dans ses dimensions psychiques et corporelles. 

Objectifs du soin : La diminution des symptômes psychopathologiques, le mieux-être et le sentiment de confort. L'équithérapie n'est pas un traitement direct des maladies somatiques ou de troubles moteurs, mais bien une intervention touchant à l'esprit, au moral et à la personnalité. 

L'intérêt de l'utilisation du cheval :
Il s'explique par ses qualités en tant qu'être vivant ayant un appareil psychique propre, relativement simple, doux et chaud, socialement valorisant et adapté, apte à accepter les projections, apte au dialogue sur un mode archaïque, digne d'intérêt et de  soin. Bien sur, ces qualités ne font pas du cheval un thérapeute mais bien un outil, utilisé par un thérapeute pour  rendre possible une amélioration d'une pathologie psychique ou d'un mal être. 

Pour plus d'informations sur l'équithérapie rendez-vous sur le site internet de la Fédération Française d'Equithérapie : http://sfequitherapie.free.fr


"Les chevaux vont redonner un sens à sa vie"


AGENDA 2012

Journées d'études : PARIS les 17 et 18 mars 2012

Les troubles qu'on appelle bipolaires et la psychanalyse 

Journées d'études organisées par l'Espace analytique, l'Association de formation psychanalytique et de recherches freudiennes. 

Intervenants : J.-J.Moscovitz, C.Hoffmann, M.David, B.Toboul, A.Vanier et C.Vanier 

Lieu : Faculté de médecine des Saints-Pères 

Renseignements : www.espace-analytique.org