lundi 6 octobre 2014

Dis moi papa, pourquoi je ne dors pas ?

Dis moi papa, pourquoi je ne dors pas ?

Alors que pendant longtemps, seules les mamans étaient montrées du doigt dans l’explication de causes psychosomatiques chez l’enfant, il semblerait que les papas aient eux aussi leur part de responsabilité. Une étude réalisée par Eric Hazotte en 2006 (Groupe de Recherche en Psychologie de la Santé – GREPSA à l’Université de Nancy 2) a ainsi mis en évidence le rôle du père dans la transmission intergénérationnelle : « le père est, directement ou par le biais de la mère, et à toutes les étapes du développement de l’enfant, toujours un élément essentiel du mécanisme de la transmission psychique inconsciente ». Ainsi, un père présentant un trouble anxieux ou dépressif est un père qui va silencieusement s’éloigner, qui va mettre de la distance à la fois dans la relation à l’enfant mais aussi dans la relation de couple. Il devient alors inhibé dans ses relations. Or, le père joue un rôle essentiel de pare-excitation, c’est-à-dire qu’il a un rôle essentiel de soutien et de sécurité à l’enfant et à la mère. Le père, par cette fonction rassurante, va permettre à l’enfant de se détacher de sa mère pour aller explorer le monde environnant et investir de nouveaux objets. Or, « la qualité du sommeil de l’enfant, étant précocement en lien avec ses expériences de la vie diurne, nous supposons que les pères anxieux ne favorisant pas l’exploration confiante du monde, peuvent influencer la survenue de troubles du sommeil chez leur enfant ».  De plus, « lorsque le soutien du père n’existe pas ou lorsqu’il est défaillant, les angoisses s’immiscent dans toutes les interactions de la triade et par conséquent dans celles de la dyade mère/enfants » (Eric Hazotte).

Quelle origine ? Ayant déjà exploré cette question de la paternité dans un article intitulé « La paternité, une montagne russe pour notre psychisme », je ferai ici un bref rappel. L’annonce de la grossesse nécessite déjà un premier travail psychique d’élaboration de la paternité. Celle-ci peut être plus ou moins douloureuse ou angoissante car elle fait resurgir des souvenirs de l’enfance et de ses liens avec ses propres parents. Elle amène aussi à réfléchir sur sa propre existence, et elle vient modifier sa place dans la chaine généalogique. L’arrivée de l’enfant dans le couple vient aussi bouleverser un quotidien. Il y a du changement.


Quelle solution ? « La qualité de la fonction de pare-excitation paternelle vis-à-vis de la dyade mère/enfant est sensible à la qualité des rapports conjugaux » (Eric Hazotte). En d’autres mots, il ne faut pas négliger la communication dans le couple. Il faut savoir partager, échanger sur ses émotions pour donner du sens à ses angoisses. Il faut les verbaliser pour pouvoir les élaborer. De plus, l’anxiété manifeste que présente un père n’est qu’un symptôme d’un trouble enkysté dans le psychisme humain. Il s’agira donc de venir interroger ce trouble afin de pouvoir l’élaborer pour avancer sereinement.



Source : Hazotte, E. Transmission de l'angoisse des pères et défaillance de leur fonction de pare-excitation dans un contexte de troubles chez des enfants en période de latence. Bulletin de psychologie. N°483, pp 311-322, 2006.

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