« Aujourd’hui,
je n’ai plus envie de rien. Je suis fatiguée. » Ou encore « Je ne comprends
pas, j’ai tout pour être heureuse et pourtant je ne le suis pas. ». Voilà
un discours que l’on a tous plus ou moins déjà entretenu avec notre inconscient. Sommes-nous
ainsi tous dépressifs ?
La
dépression, selon Bergeret correspondrait à une décompensation d’une structure
de personnalité faisant suite à une situation traumatique de perte.
Qu’on
le veuille ou non, cette étape de « dépression » fait partie de notre
développement normal en tant que personne ayant des désirs. De plus, si on
reprend la conception de Bergeret on peut adapter le deuil comme un élément
déclencheur d’une dépression. Or, le deuil semble être un processus collectif.
En effet, si l’on prend la situation concernant la naissance, tout un chacun
nous passons par cette étape de deuil, par la perte d’un objet qui est symbolisée
par la castration ombilicale. Cette perte crée alors un désir car, pour qu’il y
ait désir, selon Lacan, il faut qu’il y ait perte.
On
pourrait ainsi conclure que la dépression semble être une étape par laquelle
chaque individu passe tout au long de son développement. Celle-ci va permettre
une remise en question de ses désirs. La dépression n’est pas, selon des
auteurs tels que Fedida ou encore E. Gut, nécessairement une pathologie dont l’issue
serait négative. La dépression aurait une fonction positive, celle de redonner du
sens à la vie.
Par ailleurs,
une consultation psychanalytique ne doit pas être considérée comme optionnelle.
Elle pourra permettre de retrouver à travers le discours de l’analysant, le
signifiant source, autrement dit, l’origine de la demande et donc de la
souffrance. Survivre à un traumatisme ne veut pas dire l’effacer de sa mémoire
mais y faire face et le dépasser. Dans un traitement tel que contre la dépression voilà
pourquoi je condamnerais un travail uniquement basé sur les thérapies cognitivo-
comportementales qui se réduirait à modifier, par apprentissage, un comportement
qui est source de souffrance.
Sources :
ROBIN, D. (2005). La dépression est la vérité inversée du désir. Cahiers de psychologie clinique. Vol 24 (pp63-82).
DAYAN, J. (2011). Dépressivité et dépression à l'adolescence. Adolescence. Vol 78 (pp737-745).
FEDIDA, P. (2001). Des bienfaits de la dépression : Eloges de la psychotéhrapie. Paris : Dunod
GUT, E. (1989). Dépression productive et improductive : Reussite ou échec d'un processus vital. Paris : Puf