dimanche 20 novembre 2011

Le trouble anxieux et le traumatisme : De quoi s’agit-il ? Comment apparait-il ? Et comment le guérit-on ?

« J’avais rapporté une partie partielle du Viêt-nam avec moi sous la forme d'une sorte de malaria qui n'était pas la malaria : ulcères, coliques, insomnies et terreurs persistantes durant mon sommeil... De plus en plus, j'avais l'impression de fuir une difficulté nécessaire... d'être, une fois de plus, à la dérive » (Tobias Wolff – armée de Pharaon) 

Cette citation résume parfaitement la présence d’une anxiété avec des troubles somatiques  (coliques, terreurs nocturnes) qui sont apparus à la suite d’un évènement traumatique, ici la Guerre du Vietnam.

    L’Anxiété renvoi à un affect pénible pour le sujet qui se caractérise par une attitude d’attente d’un évènement imprévu, désagréable. Elle peut se manifester à la fois par une phobie, une attaque de panique, une anxiété généralisée ou par un trouble obsessionnel compulsif (TOC). L’irritabilité, l’agitation, l’anticipation de la peur et la tension nerveuse sont des symptômes émotionnels de l’anxiété. Les palpitations cardiaques, la transpiration, l’impression d’étouffer, les difficultés de sommeils et les tremblements correspondent à  des symptômes physiques de l’anxiété.

    Le traumatisme découle d'un incident critique (événements destructeurs, mort, blessés, brûlés...) qui a trouvé écho chez la victime, n'ayant pas les ressources nécessaires pour s'adapter à celui-ci. On ne distingue que 2 types d'évènements critiques qui peuvent aboutir à un ESPT :
-              les grand « T » =1 seul événement avec un fort impact traumatique (terrorisme, génocide, séisme,...)
-         les petit « t » = plusieurs événements à moins grand impact(modéré) et à répétition (succession d'incidents critiques qui se chronicisent) (harcèlement physique ou moral à répétition)

Des techniques ont été développées pour prévenir et guérir un traumatisme et/ou une anxiété. Parmi elles, on retrouve celle de :
la TCC (Thérapie cognitivo-comportementale =Thérapies basées sur le trauma : exposition et imagination avec les  souvenirs du traumatisme, pour arriver à une reconstruction cognitive. On demande au patient de se confronter à ce qui a causé son trauma)
L’EMDR (exécution de mouvements oculaires horizontaux saccadés pendant la reviviscence de scènes traumatiques.
 La MBCT (décrite dans l’article précédent)

Les thérapies, nombreuses aujourd'hui, n'ont pas pour vocation l'oubli de l'événement critique mais plutôt une sorte de rééducation psychique du survivant pour le ramener à la vie. Il est donc nécessaire d'accepter de parler de sa souffrance, de ses blessures par ce que Louis CROCQ appelle « une énonciation cathartique » qui va procurer l'apaisement en créant du sens là ou il n'y avait que de l'absurde.

Article réalisé avec l'aide de Pellegrin R. et Harter L. 

Sources :
L. Crocq (1999) Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob
J.D Guelfi, F. Rouillon (2007) Manuel de psychiatrie. Edt Masson SAS : France
M. Ricard (2008) L’art de la méditation. Edt Nil
U. Schnyder (2005) Psychothérapies pour les PTSD - une vue d'ensemble. Psychothérapies, vol2
F. Paul, F. Lebigot (2006) Facteurs de sévérités des états de stress post-traumatique. Stress et Trauma 6(1) : 11-18

lundi 14 novembre 2011

Réponse à un commentaire

Je vais répondre dans cet article au commentaire posté par Anonyme sur la vidéo concernant la méditation

Anonyme : Cette technique est-elle adaptée au traitement de la dépression et des angoisses ? Si oui, comment cela se passe-t-il ?


En effet, il existe une thérapie nommée la MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) qui est basée sur la pratique de la pleine conscience pour la prévention des rechutes dépressives. On apprend à l'utiliser au quotidien comme "baromètre" de l'humeur et des pensées pour mieux appréhender une situation difficile et éviter que la dépression ne s'installe. 

La méditation est utilisée dans la MBCT comme moyen de se distancier des pensées et stopper le processus de rumination. 

Par contre, les patients qui font ce programme doivent être en période de rémission car il est très difficile de faire ce programme dans un état dépressif majeur (difficulté de concentration)

la méditation est alors un moyen efficace pour lutter contre les rechutes dépressives. 

De nouvelles recherches sont entamées pour essayer de savoir si cette pratique de la méditation serait un moyen également efficace pour lutter contre les phénomènes addictifs, les troubles alimentaires, ou encore d'autres formes d'angoisses. 

dimanche 13 novembre 2011

sagesses bouddhistes - la méditation selon Christophe André



La méditation, empruntée au bouddhisme, a été adaptée à l’univers du soin.

La pleine conscience correspond à « l’état de l’esprit lorsqu’il arrive à se poser dans l’instant présent. L’esprit est alors dans une pure présence, dans le rapport à l’environnement». Cette pleine conscience peut permettre d’avoir un rapport différent avec le quotidien, « un rapport plus intense, plus apaisé » sans renoncer pour autant à l’action ou l’efficacité. « On cherche juste à être présent le mieux possible »

3 pratiques de la pleine conscience :
-         -  L’exercice formel, long : on apprend à méditer sur de longues durées pour toucher ses limites, rencontrer ses inquiétudes, les dispersions mentales qui s’offrent à chacun. Voici le cœur de l’apprentissage de la pratique.
-         -  L’exercice bref : exercice sur la respiration pendant ou après la journée. On apprend à prendre le temps de s’arrêter, de souffler et de prendre conscience de l’état dans lequel on se trouve.
-       - 3ème exercice : pratiquer la pleine conscience dans l’action. Ce qui va permettre d’être totalement présent dans l’action (bien être, lucidité, apaisement)

La pleine conscience permet de mieux savourer les instants présents, mais aussi de développer un rapport différent avec la douleur, la souffrance. En effet, la douleur existe bien (donnée physique), mais on va apprendre (par la pleine conscience) à modifier l’impact de la douleur. On va apprendre à l’accepter tout en ouvrant sa conscience sur d’autres sensations du corps, qui elles,  ne souffrent pas.



mardi 1 novembre 2011

S.O.S Fantômes !!!!

L’hallucination :

Qu’est ce que c’est ?

C’est percevoir ou entendre quelque chose qui ne se produit pas réellement. L’hallucination peut prendre plusieurs formes : auditive, visuelle, olfactive, gustative, etc… . La forme auditive est par ailleurs la plus fréquente. L’hallucination n’est pas forcément pathologique. On a tous, à un moment ou un autre, eu l’impression d’entendre ou voir quelque chose qui n’existait pas en réalité, le résultat ou  fruit de notre imagination, comme on dit. On parle d’hallucination dites « normales » . la question que l’on pourrait se poser est jusqu’où cette hallucination peut être normale, et à partir de quel moment doit-on s’inquiéter ?

Le problème qui se pose est que, chez le malade, ces perceptions hallucinatoires se produisent régulièrement et lui parait tout à fait réelles. Il est donc difficile pour lui de se rendre chez le médecin.

On retrouve 3 typologies d’hallucinations :
-     les hallucinations psychosensorielles - elles présentent tous les attributs d’une vraie perception, elles touchent tous les sens. Les causes de ces hallucinations sont souvent d’origine organique (prise de drogues, d’alcool). On parle alors de délire alcoolique. Quand la prise de drogues est régulière et à forte dose, les hallucinations peuvent devenir chroniques.
-        les hallucinations psychiques : Elles correspondent à des représentations mentales qui s’imposent à la pensée du sujet, comme les voix intérieures. Image mentale avec la représentation de scènes déjà vécues.
-    le syndrome d’automatisme mental (écho de la pensée, écho de la lecture, commentaire d’actes) Clérambault – « production spontanée et involontaire d’idées, d’impressions qui vont s’imposer à la conscience du sujet malgré lui, comme en dehors du sujet, comme s’il était parasité, commandé à distance ».
Echo de la pensée : patient qui a l’impression que sa pensée n’est pas exprimée librement. L’impression que les autres savent ce qu’il pense et que sa pensée va être répétée. On retrouve ce phénomène au début de psychoses délirantes.
Echo de la lecture : Perception auditive quand il lit à voix haute les mots suivants. Comme si quelqu’un a coté lisait le texte avec quelques mots d’avance.
Commentaire d’actes : Le patient entend pendant ou avant qu’on exprime verbalement ce qu’il fait. « il va au lit », « il va manger »
Cette troisième typologie est plus présente chez le schizophrène. Il va en effet avoir l’impression qu’on lui vole ses pensées, que d’autres personnes peuvent lire dans ses pensées, qu’une force extérieure le fait agir.

On peut retrouver également des hallucinations chez une personne qui a des difficultés à faire un deuil, et qui ressent alors le défunt, sa présence, ses habitudes. On peut parler dans ce cas de revenants (en psychologie = disparus dont le souvenir douloureux est toujours présent chez les vivants et révèlent la difficulté du travail de deuil. Les revenants ne sont plus alors des morts qui viennent nous hanter (mythologie), mais ce sont plutôt les vivants qui veulent ressusciter le mort. « Cela va parfois jusqu’à l’inviter à prendre possession de soi : nous connaissons tous des vivants qui semblent habités par un mort qu’ils ont connu, au point de s’habiller, de parler, ou même d’agir comme lui. C’est cela, être hanté par un revenant : parler subitement avec les phrases d’un disparu, ou bien adopter quelques instants ses intonations, ses mimiques ou même ses colères, ou bien encore s’habiller, sans même s’en rendre compte, exactement comme lui à l’occasion d’un événement familial. De telles attitudes n’ont rien d’exceptionnel. Le problème est que si des revenants prennent trop souvent possession d’un parent, les enfants de celui-ci risquent bien de se retrouver hantés à leur insu par un fantôme…» (S. Tisseron,2007) )

Vous pensez, vous ou un ami, être atteint d’hallucination, c'est-à-dire que vous voyez ou entendez des choses que les autres ne voient ou entendent pas ? Un conseil, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Entendre des voix ne veut pas dire que vous avez des démences, ou que vous allez devenir schizophrène ou avoir des états maniaques. Mais, il faut savoir que ces « voix intérieures » peuvent prendre l’allure d’ordre dicté, comme celui de se suicider. Donc si vous connaissez un proche qui vous semble halluciner, n’hésitez pas à le lui en parler, à lui poser des questions et à le pousser à consulter un médecin. Certaines hallucinations peuvent faire tout de même l’objet d’urgence médicale.

Sources :



G. Lavallée (2001) Le potentiel hallucinatoire, son organisation de base, son accueil et sa transformation dans un processus analytique : revues française de psychosomatique. N°19 (pp123/144)

S. Tisseron (2007) La transmission troublée par les revenants et les fantômes : Cahiers critiques de thérapies familiale et de pratiques de réseaux. N°38 (pp29/42)