Samedi à 18h, j’ai pris la décision de me (re)mettre au sport. Samedi à
21h, après être tombé sur les vidéos de Kilian Jornet, j’ai envie de me (re)mettre
à la course à pied. Après tout, moi aussi j’ai envie de courir comme si je
volais dans les airs et parcourir de multiples paysages. Dimanche, premier
essai ! Je pars courir une quarantaine de minutes. Au bout de 30mn, je
m’arrête. Je suis à bout de souffle, je ne sens plus mes jambes. Ce n’est pas
grave, mardi je tiendrais plus longtemps. Mardi, deuxième essai ! Je pars
courir une trentaine de minutes. Au bout de 20min, je m’arrête. Je suis à bout.
Ou du moins c’est l’impression que je me donne. Pourquoi je n’arrive pas à
tenir plus longtemps ?
Deux semaines plus tard, après un réaménagement de mon calendrier pour me
permettre d’aller courir un jour sur deux, un changement radical de mes
habitudes alimentaires, un intérêt profond pour les programmes de courses
personnalisés afin de progresser au mieux, j’ai vu mon estime de moi et ma
volonté à réussir ce que j’entreprends grimper en flèche. Depuis, ca fait déjà
trois mois que je cours et j’envisage de m’inscrire à mon premier marathon.
La course à pied, ou plus globalement le sport, ne
se résume pas seulement à un entrainement physique intense mais aussi et
surtout, il doit être accompagné d’un entrainement psychique ou plus
communément appelé entrainement mental. L’entrainement mental va permettre à
l’athlète de développer ses ressources pour faire face et s’adapter aux
contraintes de la pratique sportive de haut niveau suivant une logique
éducative et préventive. L’entrainement mental va ainsi permettre à l’athlète
de développer des qualités psychologiques de base.
Selon des recherches de Vealey, 1988 ; Hardy,
Jones, Gould, 1996 ; (In : Le Scnaff, C., 2005), la relaxation, la
gestion des objectifs, l’imagerie et le dialogue interne semblent être les quatre
qualités psychologiques de base que doit développer un athlète.
La
relaxation va permettre de
gérer les angoisses dominantes quant à la pratique sportive (compétition,
parcours inconnu, etc). La littérature parle d’un « état idéal de
performance » renvoyant à la corrélation entre savoir dépasser ses
angoisses, être relâché pendant la
performance et réussir cette performance. Le sport amène le bien être et le
bien être amène le sport. Quand le sport devient plaisir, l’athlète devient
performant. Néanmoins, faire du sport c’est faire face à ses limites. C’est
pourquoi, l’athlète doit posséder la qualité lui permettant de gérer ses objectifs. Cette
qualité est importante car se heurter trop rapidement à des difficultés qu’on
ne peut surpasser à la vue de ses
capacités physiques du moment, c’est risquer un épuisement à la fois physique
mais aussi psychique. Concernant l’imagerie,
il semblerait qu’il s’agisse du processus le plus utilisé par les sportifs lors
de leur préparation mentale. Dans leur étude, Orlick et Partington, 1988
(In : Le Scnaff, C., 2005) rapportent que 99% des athlètes interrogés
déclarent utiliser l’imagerie et la grande majorité d’entre eux estiment que ce
processus a des effets bénéfiques sur leur performance. L’imagerie est définie
scientifiquement comme « une pratique cognitive qui consiste à évoquer les
caractéristiques d’un objet, évènement ou processus absent de notre champ
perceptif actuel, cet objet, évènement ou processus appartenant au passé, au
présent ou au futur » (in : Le Scnaff, C., 2005). L’imagerie
permettrait entre autre la régulation de l’attention, la planification de
stratégies et la valorisation de l’estime de soi. Enfin, plusieurs recherches
tendent à penser que le dialogue
interne et le contenu de la pensée sont des prédicateurs importants de
la réussite sportive (In : Le Scnaff, C., 2005). En reprenant la
définition sur le dialogue interne de Kackfort et Schwenkmezger, 1993
(In : Le Scnaff, C., 2005), nous comprendrons mieux en quoi il peut aider
l’athlète. « Dans un dialogue interne, l’individu interprète ses sentiments
et ses perceptions, régule et modifie ses convictions et ses évaluations, et se
donne à lui-même des instructions et des renforcements » (Kackfort et
Schwenkmezger, 1993).
Devenir sportif est un véritable travail sur soi.
S’y consacrer c’est consacrer du temps à soi et à son bien être.
Afin de terminer cet article en vous donnant peut
être envie de vous y mettre aussi, je vous invite à regarder cette vidéo
mettant en image Sebastien Chaigneau, un athlète professionnel français
spécialiste de l’ultra-trail et de la course à pied en montagne.
Référence :
Le Scnaff, C. Les bases de l’entrainement mental. Bulletin de psychologie, 2005, N°475,
pp101-105.
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